LA QUESTION
Il est parfois peu aisé d’exprimer ce que l’on souhaite, ce que l’on désire. (Voir page blog : « Se relier à ses ressentis pour mieux se connaitre et découvrir ses besoins et désirs ») Et quand enfin, on a passé cette étape et réussi à exprimer clairement sa demande, la déception arrive le plus souvent car l’autre ne réagit pas à la hauteur de notre attente pourtant si bien exprimée. Qu’en est-il de la promesse implicite, qui fait qu’une belle affirmation de soi à travers une belle demande bien formulée, suffira pour être entendue ?
LA REFLEXION
Au cabinet, comme en entreprise, j’ai pu constater que nombre de personnes avaient fait un travail considérable et déployé beaucoup de courage pour arriver à cette « affirmation de soi » par l’expression claire auprès de l’autre, d’un souhait, d’une volonté et voyaient tristement l’échec de leur démarche. Cela procède le plus souvent d’une réflexion et d’une construction linéaire et autocentrée. Nombre de mouvements de développement personnel font la promotion de l’expression de soi. Ceci est une réponse tout à fait pertinente à la souffrance engendrée dans des contextes familiaux, conjugaux, sociaux, professionnels dysfonctionnant où la personne, pour des raisons diverses, ne peut s’exprimer librement et être respectée dans sa singularité. « Tu n’as qu’à lui dire », ont-elles pourtant souvent entendu. Dire, n’est pas la garantie d’un changement dans la relation. Car il s’agit bien d’une relation.
Je peux décider pour « m’affirmer » de faire telle ou bien telle autre activité pour moi et qui va favoriser « l’expression de soi ». Être soi, dans une relation est plus complexe car nous sommes en présence de deux entités. Je ne peux vouloir sans la participation de l’autre, sans sa bonne volonté à participer à la satisfaction de ma demande dans notre relation.
LA PROPOSITION
Il est à considéré qu’une demande de modification de comportement dans la relation n’atteint son objectif que si les deux parties y trouve leur compte. On a souvent l’habitude de penser à la place de l’autre alors que « le compte » de chacun est très personnel. Il va donc s’agir, d’une part, d’exprimer son besoin et d’autre part, s’intéresser à celui de l’autre pour que « la relation s’emboite harmonieusement ».
C’est là qu’intervient « l’ajustement relationnel » dans la construction d’un compromis.Ce dernier permet l’expression des désirs de chacun, qui une fois exprimés, entrainent naturellement dans le cadre d’un accord, la nécessité de concessions de part et d’autre en vue de la réussite de la chose commune : la relation conjugale, parent-enfant, collègues, employeur-salarié etc… L’ajustement relationnel c’est aussi de demander à l’autre ce que lui aimerait que vous changiez.
Quelques indications :
- S’exprimer positivement car exprimer « ce qu’on ne veut plus » est le plus souvent perçu comme une défaillance de l’autre
- Ne pas se plaindre sur ce que l’autre fait de trop ou pas assez ou pas du tout. Mais exprimer très concrètement la bonne mesure pour soi, ce que l’on souhaite concrètement
- Faire une demande très concrète et non-noyée dans des approximations subjectives où l’autre devra comprendre à demi-mot ce que vous désirez sans que vous l’ayez formulé concrètement (car vous l’avez compris, cela n’a pas marché auparavant)
- Cessez de penser que si l’autre vous apprécie, vous aime vraiment, il devrait comprendre clairement ce que vous n’exprimez pas ou bien dites à demi-mots
- Cherchez un accord, un pas l’un envers l’autre qui puisse prendre en compte la satisfaction et le plaisir pour chacun. Veillez à ce que l’un n’ait pas tout le bénéfice du changement mais que celui-ci soit vraiment partagé
- Terminez ensemble par une reformulation sur ce sur quoi vous vous êtes mis d’accord et surtout remercier pour cela qui enrichit la relation de manière plus satisfaisante pour l’un et l’autre.
L’INTERET DE CE TRAVAIL
Ce travail, vous l’aurez compris, met en lumière des zones d’ombre, celles où se cachent les rancœurs, les frustrations. Celles-ci se font payer chères par des formes de violence retournées contre soi ou contre l’autre. C’est bien souvent un grand soulagement d’avoir pu « enfin » s’exprimer et s’être écouté.e.s. réciproquement.
Et surtout, ne pas oublier le feed back. Vous êtes heureux·se du petit pas vers le changement ? Alors dites-lui car c’est un repère pour l’autre de savoir que ce qu’il fait, est ce qui est si attendu et que cela vous ravi·e.