LA QUESTION
« Je ne sais pas ce que je veux, je ne sais pas ce que j’aime », c’est parfois ce que l’on entend au cabinet. Alors, comment orienter ses choix, quand une partie de sa vie s’est déroulée sous l’égide du désir du collectif (couple, famille, équipe de travail), ou bien des diktats de la conformité sociale ou même de la tyrannie de quelqu’un ?
LA REFLEXION
Les raisons qui amènent quelqu’un à ne pas savoir ce qu’il préfère, peuvent être bien sûr, la surabondance de choix de notre monde d’hyper consommation qui nous fait tourner la tête. Mais plus insidieux, la soumission aux désirs du groupe auquel on appartient, des diktats sociaux ou de « l’autre ». Il en résulte que lorsque, pour des raisons diverses, l’individu se retrouve détaché ou en voie de détachement de ce à quoi il était lié, une forme de désarroi peut s’installer. « Mais que vais-je faire maintenant ? » Les circonstances de « ce détachement » peuvent être les évènements naturels de la vie : les enfants ont grandi et sont partis du foyer, le couple s’est séparé, le décès du conjoint, d’un membre de la famille dont on avait la charge, la perte de l’emploi…. Le contexte de vie devenu différent, les interactions avec les personnes sont devenues différentes voire, ont disparu. N’avoir « plus qu’à s’occuper de soi » est difficile quand chaque jour, l’organisation était établie « en fonction de l’autre, des autres », « en fonction des besoins de l’autre, des autres». La non-pratique de l’écoute de soi, amène naturellement à une forme de vacuité face aux choix par « incompétence dans la connaissance de soi et de ses besoins comme de ses désirs ». Parfois, cela engendre des formes d’anxiété, le sentiment d’être perdu·e, des troubles physiques, une apathie, ou bien une forme de libération anarchique « à tout essayer » dans lequel on peut se perdre…
LA PROPOSITION
Il s’agit de reprendre contact avec soi et d’expérimenter consciemment, intentionnellement, des activités sensorielles comme si c’était la première fois. Il s’agit d’identifier pendant et après l’expérimentation ce qui est observé en matière de différences factuelles avec d’autres choses testées et de différences d’appréciations. Il est important d’avoir à l’idée que dans ce travail de réappropriation de ses préférences, il est utile de s’intéresser à expérimenter des choses vers lesquelles on ne se serait pas naturellement allé. Juste pour faire une différence, pour élargir ses choix comme pour confirmer une préférence.
Voici comment peut s’établir le travail et avec quelques exemples :

Voir, regarder : autour de soi, la nature, la rue, l’architecture, les gens, les vitrines, les films, les animaux, les objets, les couleurs, l’art… Aiguiser sa vue, de loin, de près…

Sentir : nature, végétaux, nourriture, odeurs corporelles, parfum, savon, air ambiant, odeurs transports, … Développer son odorat, aiguiser les différences, odeur aigre, sucrée, douce…

Ecouter : son de la nature, l’eau de la douche, bruits de la cité, sons mécaniques, animaux, musique, chants, cris, pleurs, rires… Développer son ouïe sons grave aigus, étouffé, clair…

Goûter : la nourriture traditionnelle, exotique, familiale… à travers tous les mets possibles. Egalement la texture… Développer son palais, sucré, salé, piquant, suave, aigre, amer…

Toucher : ce qui nous entoure, meubles, objet, végétaux, personnes, objets divers, également nous-même (s’amuser avec son doigt de pied J). Développer son toucher. Différencier chaud, froid, sec, humide, doux, rugueux, ferme, mou…

Etre en lien : partager une activité « active » qui créé une interaction. Faire quelque chose ensemble. (exemple : regarder un film c’est être à côté de l’autre mais faire des crêpes ensemble, c’est partager une interaction qui développe le lien. Développer les liens renforcent notre capacité à savoir ce qu’on aime dans une relation.
L’INTERET DE CE TRAVAIL
Vous découvrirez des choses pour lesquelles vous n’avez pas d’appétence. Bravo, nous sommes sur le bon chemin. Et puis, il y aura des choses…. que vraiment vous préférez. Ce travail sensoriel est un travail en contact avec soi-même et une interrogation sur ses préférences. Les choix peuvent ainsi s’exprimer plus aisément. Plus on le fait et mieux les préférences apparaissent et mieux les appréciations se font fines.